Soulaye Thiâ’Nguelle : un grand artiste du monde théâtral

« Je suis arrivé à l’écriture théâtrale par effraction. » s’exclamait Souleymane Bah allias Soulaye Thiâ’Nguelle, le 27 septembre 2020 au Festival des Francophonies lorsqu’il a reçu le Prix Rfi Théâtre 2020 pour la Cargaison avant d’ajouter « avoir ce prix est une reconnaissance, un énorme plaisir et un grand honneur. ». Par effraction, évidemment, car, l’auteur a déjà une longue carrière de comédien et de metteur en scène mais le début de l’écriture théâtrale est très récent encore, c’est en 2016.


Une longue histoire 
Le trait d’union entre Soulaye et le théâtre prend son début loin, depuis longtemps, bref c’est une longue histoire. Né en 1973 à Conakry, il sera l’ainé d’une famille de 14 enfants. Ses parents sont originaires d’un petit village, Tchianguel dans la préfecture de Mali en Guinée, d’où l’origine de son nom de plume Soulaye Thiâ’Nguelle. Thiâ’Nguelle, nom peul de son ethnie qui veut dire littéralement petites rivières. 
Pour embrasser cet art, Souleymane Bah l’a fait sans grand soutien des parents. Venant d’une famille ancrée traditionnellement dans la religion musulmane, comme il l’explique dans un article d’RFI après l’obtention de son prix, cela n’a pas été facile pour son père : « Je suis issu d’une communauté, les Peuls, où, souvent, on associe le théâtre, soit à quelque chose de l’ordre de la banalité, où l’on joue, danse. Et d’un point de vue très islamique cela ne peut être fait que par les supports de Satan. »
Mais s’adressant à un public (guinéen) « où la lecture n’est pas le point fort », il fait un forcing d’abord en étant acteur et metteur en scène avant d’aller vers l’écriture. Ainsi, dès le lycée, il crée une compagnie de théâtre « La Troupe Djibril Tamsir Niane » dont il est administrateur et comédien. Djibril Tamsir Niane, nom d’un éminent historien et auteur de théâtre guinéen qui sera dès ce temps un guide spirituel pour Thiâ’Nguelle : « il s’est créé une complicité, une proximité avec cet homme qui m’a guidé dans énormément de choses : ma façon d’écrire, de percevoir la Guinée, il a vécu la prison… »
Le jeune se démarque alors de la comédie à l’écriture, dans une émission ‘’Aparté’’ de Djoma TV, une télévision privée guinéenne, Souleymane Bah explique ce coup de pousse dans l’écriture du fait qu’il n’était plus « un bon acteur », donc coordonner et mettre en scène les autres lui allait de soi, ce qui a favorisé le début de son écriture théâtrale dont il avait tant peur. 

Une carrière en théâtre boostée par sa formation
Petite de taille, teint antillais, Thiâ’Nguelle cumule beaucoup de diplômes à son actif comme celui de la licence en Journalisme à l’université de Conakry, son doctorat en Sciences de l’information et de la communication de l’université Lumière Lyon 2. Journaliste à la base, ses écrits sont l’héritage d’un auteur qui a longtemps écrit pour l’hebdomadaire satirique Le lynx en Guinée comme le témoigne la rédaction de RFI : « Le style d’écriture de La Cargaison oscille entre poésie et punchlines. Même avant le prologue de la Cargaison on découvre une pyramide de mots, un poème qui ne dit pas son nom. Ensuite, il fait surgir des passages dignes d’une chanson de rap : « ça tire », « ça mord », « ça meurt ».

Ecrivain, il compte 5 théâtres écrits : TRANCHANTES CHRONIQUES 2015 et Danse avec le Diable 2016 publié aux éditions L’Harmattan Guinée, Jamais d’eux sans proie, La Cargaison publié à Limoge France puis à Grenoble France et ça va ça va le monde 2021. Il est ainsi couronné d’un prix et deux reconnaissances : lauréat de la SACD, lauréat de la bourse Nora de l’ACCR et le lauréat du Prix RFI Théâtre en 2020.
Journaliste, écrivain, metteur en scène, il a aussi une carrière politique, d’abord à l’UFDG ‘’Principal parti politique d’opposition’’. Une carrière qui l’a valu d’ailleurs une condamnation et un exil dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Koulah Bah au siège de son parti, l’UFDG.

Cet exile constitue ce qui est le plus difficile pour Soulaye du point de vue morale, mais prolifique pour sa carrière d’artiste : « en m’exilant en France, j’avais écrit qu’une seule pièce de théâtre. Depuis quatre ans, j’ai écrit chaque année une pièce. Si j’étais resté en Guinée, je n’aurais certainement pas eu le temps de le faire. » témoigne Thiâ’Nguelle.
Cet exile qui l’a valu 4 ans en France après avoir été gracié par l’ex président Alpha Condé en 2021, ne le rend pas différent à son retour. Lors de sa première sortie médiatique après être gracié, dans l’émission les Grandes Gueules de la radio Espace, il dit être croyant et donc tout ce qui lui est arrivé est d’ordre pré établie donc il n’a de rancœur contre personne, cela ne relevait que de sa destinée. 
Quoique démissionné dans l’arène politique, il continue d’être une personnalité politique en entrant au gouvernement de la transition de Mohamed Béavogui depuis le 24 novembre 2021 en tant que Secrétaire général du ministère de l’Information et de la Communication. Mais ceci est une autre histoire ! 

Adama Oury BARRY
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