Migration : Abdoulaye SYLLA, Guinéen décédé en mer méditerranée

En Guinée, la solitude des familles de migrants disparus en mer et oubliés des médias. Une douleur rendue très violente depuis que la famille connaît les circonstances terribles de la mort du fils.


Migrants en pleine mer

A Nongo, dans la banlieue de Conakry, où vivaient quatre des jeunes passagers, ces informations ont déchaîné la colère. Beaucoup voulaient faire payer Bouba, celui qui recrute les candidats au départ au sein d’un petit business de famille. Une fois au Maroc, en effet, c’est le frère de ce Bouba qui loge les migrants le temps de leur trouver une place sur un bateau.

C’est lui qui faisait la « pub de la traversée » racontant avoir envoyé plusieurs jeunes en Europe ; c’est à lui aussi que la famille d’Alseny Kouta a versé les 5 000 euros, via le réseau habituel. 

« Tous ceux qui traversent laissent une somme à l’intermédiaire (Bouba). S’ils parviennent à rejoindre l’Europe, elle est partagée entre ceux qui ont aidé au projet. Si le petit meurt, l’argent est rendu. Mais là, Bouba a demandé à la famille de patienter, car certains arrivent à traverser et ne donnent pas de nouvelles tout de suite », explique Ibrahima Sylla. 

Dans ce contexte plus que tendu, Bouba aussi a disparu tandis que la famille tente de faire son deuil, seule et endettée.

Pour Alseny Kouta, le sort en a décidé autrement. Parti de Conakry courant le 18 janvier, le jeune Guinéen est aujourd’hui présumé mort et son frère, Ibrahima Sylla, a bien du mal à faire son deuil. 

« Ma mère l’a pleuré comme si son cadavre était à côté de nous, elle est convaincue de son décès. Moi, je ne peux pas dire s’il est mort ou non, s’il a été enterré quelque part ou non. Et on n’a personne vers qui se tourner », pleure le jeune garçon. Malgré cette somme d’incertitudes, la famille a organisé une cérémonie avec des imams afin que son âme puisse reposer en paix s’il est mort ou que Dieu prenne soin de lui s’il est toujours en vie »

Vêtu d’un maillot bicolore et d’un short, assis derrière une table de bois, Issiaga, le petit frère d’Abdoulaye qui n'a pas accepté d'être pris en photo , raconte l’inquiétude qui le tenaille depuis le 21 janvier , la dernière fois qu’il a parlé à son frère. Abdoulaye, 27 ans, déposait des demandes régulières de visa à l’ambassade de France, afin de rejoindre sa sœur, mariée à un Français. 

« Mon frère est footballeur professionnel, il a joué en première et deuxième divisions ici, a disputé la coupe nationale. Il a été sélectionné plusieurs fois dans l’équipe nationale mais ne voulait pas terminer sa carrière en Guinée », explique Issiaga.

Une douleur rendue très violente depuis que la famille connaît les circonstances terribles de la mort du fils.

Victorine Florent Gbamou

Tel. 620 68 35 59



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